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qui est Christine Lagarde ? (archives)


 

* Article initialement publié ici le 25 octobre 2010

 

Le pouvoir serait géré de manière différente par les femmes, car celles-ci projetteraient "moins de libido, moins de testostérone dans les situations", en politique comme en affaires (1). Une source "naturelle" d'inégalités de revenus entre hommes et femmes ? Je voulais revenir, sous l'influence d'un article de Causette, nouveau magazine féminin qui se réclament "plus féminine du cerveau que du capiton", sur la carrière de Christine Lagarde, notre actuelle Ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi. 

 

 

 

 

Cette ancienne championne de natation synchronisée et "spécialiste en droit du travail et en droit de la concurrence" (2) prend son envol lorsque, après être devenue avocate au barreau de Paris, elle entre "au bureau parisien du cabinet international Baker & McKenzie [...] et y gravit tous les échelons" (3). Rappelons pour la petite histoire que le siège de ce cabinet est situé à Chicago, lieu symbolique du néolibéralisme (4), où Madame Lagarde résida durant cinq ans (5), en plus des nombreux voyages à travers le monde. 

 

Parallèlement à cette brillante carrière, elle est également membre actif à partir de 1995 du think tank Center for Strategic & International Studies (CSIS) (6), un cercle de réflexion et d'influence sur la politique étrangère des Etats-Unis. A Baker & McKenzie, elle est tour à tour avocat associé, gérant du bureau parisien, membre du comité exécutif mondial, président du même comité, puis président du comité stratégique mondial (7). 

 


 

Elle "s'était spécialisée dans le bétonnage des "plans sociaux" [ce qui consistait à aider les entreprises à contourner le complexe droit du travail français et à fluidifier les procédures de licenciement] lorsqu'une entreprise étrangère souhaitait alléger ses effectifs" (8). Ce qui, il est vrai, entre en grave contradiction avec sa mission au gouvernement (Ministre de l'Emploi, notamment). L'on comprend mieux, au regard de cette glorieuse carrière, l'idéologie qui la guide, emprunte d'un libéralisme idéologiquement borné teintée d'un mépris total à l'égard des salariés. Etienne Cassagne parle ainsi des "possibles conflits d'intérêt liés à ses anciennes fonctions" (9). Aussi, il pose la question de la raison pour laquelle Madame Lagarde a "tourné le dos à un si spectaculaire réseau" (10) et un si haut revenu ; et conclue par le choix professionnel élargi qu'elle aurait alors après son mandat de Ministre, lequel lui a apporté en termes d'influence mondiale, comme en témoignent les magazines Wall Street Journal et Forbes. Elle pourra donc "se recaser n'importe où quand elle veut dans le monde entier" (11). Si, en plus, ces déclarations tonitruantes ("La crise est derrière nous" en août 2008, ou ce plus récent : "Il n'y a pas de pénurie d'essence" en pleine pénurie) ne lui sont pas reprochées, je lui prédis un bel avenir. Y'a pas, le sacrifice à l'intérêt général, c'est beau. 

 

Notes

(1) Interview donnée à ABC News en octobre 2010.

(2) Site Internet du Ministère de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi (lien mort). 

(3) Ibidem. Voir aussi ce sujet du journal de France 2 de l'époque

(4) En vrac, Milton Friedman, les Chicago Boys, la pensée néolibérale enseignée à l'Université... 

(5) Site Internet du Ministère de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi. 

(6) Site Internet Wikipedia

(7) Site Internet du Ministère de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi. 

(8) E. CASSAGNE (2009), "Première de la classe, c'est son syndrome", Causette, n° 3, juillet-août, pp. 29-31. 

(9) Ibid.

(10) Ibid.

(11) Selon les propos d'une conseillère UMP de Paris, Ibid

 

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