* Article initialement publié ici le 1er janvier 2010
Pour des raisons de places prioritaires, accordées notamment aux étudiants de grandes écoles ou d'écoles de commerce, je n'ai pu m'inscrire à l'IUFM de Paris. J'ai donc été obligé de me reporter sur les IUFM de Versailles et de Créteil, et c'est dans ce dernier que j'ai pu m'inscrire. Puis, j'ai reçu quelques informations et instructions de la part des professeurs en charge de la préparation au CAPES, dont celle selon laquelle, pour un futur professeur de sciences économiques et sociales, il est indispensable, outre des livres de vulgarisation, des ouvrages de référence, des manuels de lycée, des romans, des films, de lire la presse, notamment Le Monde, et obligatoirement le magazine Alternatives Economiques. Rien que cela ! Je me suis donc procuré trois éditions du Monde cette semaine, même si je n'ai pas fini le premier ! Cette lecture m'offre néanmoins de nombreuses pistes de réflexion. [J'ai écrit cet article le 20 septembre 2009]
Un article m'a frappé (1) : il concerne les aides financières accordées par les Etats aux banques au plus fort de la crise. Anne Michel, la journaliste, propose le regard suivant : ces aides, nullement offertes "à fonds perdus" aux banques, ont été prêtées, "facturé[es] au prix du marché". Et les Etats, même si les modalités d'aider les banques sont différentes selon les pays, reçoivent aujourd'hui les fruits de ces prêts : 20,5 milliards d'euros pour les Etats-Unis, 250 millions d'euros pour l'Allemagne, 2 milliards d'euros pour la France. Dans notre pays en particulier, l'Etat a prêté aux banques "des fonds propres via la Société de prises de participation de l'Etat (SPPE) et des liquidités via la Société de financement de l'économie (SFEF)", prêts sécurisés selon le président de la SFEF, Michel Camdessus, ancien directeur du Fonds Monétaire International (FMI). Le caractère lucratif de cette prise de participation de l'Etat pour sauver le système financier est très important, selon la journaliste, car il réduit à néant les violentes critiques qui se sont abattues sur les gouvernements à l'automne 2008. En effet, les Etats n'ont pas, selon l'adage populaire, renfloué les caisses des banques avec de l'argent du contribuable. Par contre, ils n'ont pas hésité à aider les banques alors qu'ils ont laissé, depuis trente ans, se creuser les inégalités et se paupériser les classes moyennes ; ils ont également laissé croître des marchés financiers qui ne répondaient à aucune véritable réglementation. Particulièrement aux Etats-Unis. C'est ce que, personnellement, je leur reproche. Enfin, la journaliste du Monde relativise la bonne nouvelle des gains touchés par les Etats : "ces recettes doivent [...] être mises en rapport avec le coût de la crise financière pour l'économie mondiale", provoquée par les banques elles-mêmes. Et, n'étant pas sortis de la crise, les Etats doivent être prudents quant à leurs futures recettes, lesquelles doivent être lâchées par les banques au bon moment : elles doivent à la fois s'enorgueillir d'une santé financière suffisamment bonne pour rembourser et le faire au bon moment, dans le but de rassurer les marchés boursiers. Les banques ont ainsi un intérêt financier à rembourser. Des critiques "regrettent [que l'Etat] n'ait pas mieux "négocié" en entrant au capital des banques avec de vraies actions assorties de droit de vote". Cette nouvelle s'avère au final une bonne claque pour les observateurs populistes, mais un vrai risque quant au règlement des prêts et, plus généralement, quant à la reproduction d'un système financier qui a montré toute son irresponsabilité et le risque systémique qu'il engage pour l'économie mondiale.
Note
(1) A. MICHEL (2009), "L'aide financière versée aux banques rapporte de l'argent aux Etats", Le Monde, n° 20106, 16 septembre, p. 13.
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